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Madagascar International Biodiversity Expedition - du 10 au 27 août 2022

Premier séjour IBEX à Madagascar, à la recherche des libellules et des fougères dans le massif du Makay. Voir descriptif détaillé

Madagascar International Biodiversity Expedition - du 10 au 27 août 2022

Premier séjour IBEX à Madagascar, à la recherche des libellules et des fougères dans le massif du Makay. Voir descriptif détaillé

6 participants (9, 14, 16, 18, 28 et 60 ans.)
Mission exploratoire dans le Makay, pour inventorier les libellules et fougères.
Des aventures hors du commun, des projets réels pour le développement durable

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Le Journal de Bord

Mercredi 10 août 2022

Tout le groupe est bien arrivé à l’Hôtel Niaouly. Nous nous réunissons autour d’un bon dîner et commençons à discuter des prochains jours et des derniers préparatifs avant le départ. Chacun se présente, nous sommes 10 en tout : 6 participants : Margaux, Alex, Gauthier, Eric, Yoan et Manoé , 3 encadrants Sylvain, Cathy et Bernard, ainsi qu’une collègue de Tana, Camélia, qui étudie la botanique (qui nous rejoindra demain matin). Sylvain et Cathy offrent à tout le monde des loupes de botanistes ainsi que des t-shirts. Après de belles discussions sur la culture malgache, tout le monde va dormir avant d’entamer le grand périple vers le massif du Makay.

Jeudi 11 août 2022

Après le petit déjeuner, nous nous sommes vite mis en route pour rejoindre ce soir Ambositra. Nous nous répartissons sur 2 véhicules : le 4x4 de Bernard ainsi qu’un van privé à 9 places. Le trajet est ponctué par les pauses repas et toilettes mais nous ne perdons pas trop de temps car la route est longue. Mais pas le temps de s’ennuyer : depuis les fenêtres, nous observons les allers et venues des habitants qui s’affairent : construction de briques, lessive à la rivière, foot pieds nus dans les champs, repiquage dans les rizières, vendeurs à la sauvette sur les bords de route, jeux d’enfants …La vie s’organise autour de la nationale 7, principale route du pays pour rejoindre le sud. Nous arrivons vers 17h à l’hôtel « L’Artisan », qui nous enchante tous : nous sommes répartis par binôme dans de petites maisonnettes en bois charmantes et tout confort. Pendant que certains se reposent, d’autres se défoulent en jouant à cache-cache dans la cour de l’hôtel qui ne manque pas de recoins cachés. Après une petite balade dans la ville, nous nous retrouvons tous pour le dîner, suivi d’un coucher rapide car nous reprenons la route le lendemain, très tôt !

Vendredi 12 août 2022

C’est reparti sur la route. Nous prenons le rythme de ces kilomètres qui nous emmènent loin des sentiers battus dans le pays. L’animation des habitants et les paysages qui changent et se transforment au fur et à mesure sur notre itinéraire continuent de maintenir notre attention, et de nous ravir. Nous nous arrêtons acheter des sandales pour Cathy et une casquette pour Gauthier, petits moments d’immersion dans le marché de Fianaratsu sympathiques.

Nous arrivons plus tard que prévu à l’Hôtel Momo trek à Ranohira après plusieurs petits incidents qui font partie de l’aventure (un passeport oublié dans les gros bagages qui ont retenu l’attention des policiers, une panne avec l’embrayage du 4x4 …) mais les soucis sont vite résolus.
Le dîner à Momo trek est délicieux et nous avons droit à un spectacle live de musique et danse ! Nous sommes répartis de nouveau par binôme dans des petits bungalows rustiques et chaleureux. On passerait bien une semaine sur place tant tout est charmant. Mais demain la grande aventure commence : nous quittons les routes pour partir en 4x4 jusqu’au massif du Makay !

Samedi 13 août 2022

Le petit déj commandé la veille est servi dès 5h du matin ! Le temps de charger les sacs dans les deux 4x4 et hop, nous sommes partis à 5h45. Bernard et Gégé conduisent les deux 4x4 tandis que nous nous répartissons, selon les envies entre les banquettes et sièges intérieurs et la benne ! Nous avons aussi avec nous le chef du village de Beronono : Pierre (appelé aussi Sergent) qui sera notre guide dans le Makay, ainsi que Gilbert qui sera notre cuisinier !
Nous faisons de nombreuses petites pauses, pour alterner entre ceux qui voyagent dans le 4x4 et ceux qui s’éclatent à se cramponner dans la benne. Nous faisons aussi une halte chez l’habitant, dans une petite cahute de bois où nous sommes accueillis avec du café, des bananes et des beignets. Nous nous régalons aussi de jujubes : des sortes de petites dattes orangées que l’on trouve un peu partout le long de notre piste (fruits d’un arbre du genre Ziziphus, nous en avions plusieurs espèces). Les paysages sont splendides, on ne voit à l’infini que l’immensité de la nature qui nous entoure. La piste est parfois escarpée au point qu’on penserait impossible de gravir ces énormes cahots avec le 4x4, mais nous avons de sacrés pilotes, et ça passe ! Après s’être extasiés sur les premiers baobabs Adansonia za, nous voilà arrivés à la rivière Mangoky qu’il nous faut traverser. Les locaux nous y attendent avec le « bac » : il s’agit d’une embarcation sur 3 gros flotteurs que les locaux guident avec des perches en s’arc-boutant de toutes leurs forces, et sur lequel nous faisons monter les deux 4x4. La traversée prend du temps, et c’est passionnant de voir comment les locaux s’y prennent, deux d’entre eux sautent à l’eau et finissent de tirer notre énorme embarcation en bout de corde pour nous ramener à la rive d’en face. Arrivés dans le village de Beroroha, nous nous arrêtons pour manger. Tout le monde avait bien faim, et le repas est très apprécié. Puis c’est reparti dans les 4x4. La suite du voyage devient de plus en plus périlleux car la piste est très chaotique. De quoi ravir une partie du groupe qui s’en donne à cœur joie à s’agripper dans les bennes des 4x4. La végétation est aussi de plus en plus dense, si bien qu’il faut faire preuve de réactivité pour esquiver les branches qui arrivent à hauteur de la benne (certaines d’entre elles étant pleines d’épines !). La nuit finit par tomber et nous sommes ravis d’entendre et voir des Engoulevents Caprimulgus madagascariensis. Nous finissons le voyage de nuit et sous un magnifique lever de lune. Arrivés au village de Beronono, nous nous empressons de monter les tentes, et de nous réunir autour d’un rapide dîner de noodles. C’était une sacrée journée, qui nous en a mis plein la vue, et qui nous fait réaliser à quel point nous avons une chance inouïe de pouvoir accéder à des zones aussi reculées et sauvages du monde. La nuit étoilée est fascinante : aucune pollution lumineuse, on voit nettement la voie lactée et les constellations sont surprenantes car le ciel de l’hémisphère sud ne nous est pas familier…

Dimanche 14 août 2022

Après un petit déjeuner gourmand de beignets accompagnés pour ceux qui le souhaitaient de riz cuisiné avec des feuilles et de la viande hachée, nous nous sommes mis en marche cette fois pour rejoindre notre premier camp de base. Nous avons marché environ 3h, avec de nombreux arrêts pour observer la faune et la flore...Aux jumelles, nous avons pu identifier le Colombar maïtsou Treron australis, le Souimanga malgache Nectarinia souimanga, de nombreux Perroquets vasa Coracopsis vasa, de magnifiques Guêpiers malgaches Merops superciliosus. Nous avons aussi trouvé un lézard avec sur son front un genre de 3e œil : une cellule photosensible servant à capter les contrastes de luminosité et donc le mouvement Chalarodon madagascariensis. Et nous nous sommes régalés de tamarins, une belle découverte pour beaucoup. Yoan et Gauthier se sont empressés d’en faire des petites réserves pour les prochains jours. La dernière heure de marche est splendide : nous marchons beaucoup les pieds dans l’eau et traversons des plages et cours d’eau surplombés par des falaises verdoyantes. Nous arrivons finalement au camp de base Sakamaitra, où les porteurs ont déjà déposé nos tentes, et installé le feu et les installations en bois pour cuisiner. Nous nous régalons d’un riz cuisiné aux légumes et sardines.
Puis c’est le temps libre : on se baigne, on installe les tentes et on savoure la tranquillité de ce bout de plage immergé dans la nature sauvage, loin de tout. Eric se met en mission pour attraper notre première libellule ! Et il en trouve une en moins de 5mn. Nous voilà tous autour à l’admirer et nous démarrons ainsi notre inventaire de libellules, avec cette toute première donnée. Après une belle séance de photos, et l’enregistrement sur l’application Obsmapp, on décide d’aller voir le grand lac Satoroka, qui se trouve à 10 mn à pieds de notre camp pour chercher d’autres libellules. On en répertorie encore 2, puis nous rentrons car le soleil est déjà trop bas et que les libellules se font discrètes dès que le soleil se cache. Après le thé, nous vaquons à nos occupations en attendant le dîner, servi à 18h (un délicieux riz accompagné de canard et pommes de terre en sauce). Puis nous nous couchons, vers 20h après une belle séance d’observation du ciel, commentée par Eric qui reconnaît quelques constellations !

Lundi 15 août 2022

Aujourd’hui, nous restons dans les parages du camp de base, et nous avons pour mission de démarrer nos protocoles libellules et fougères. Pendant le petit déjeuner, Sylvain nous explique en quoi notre étude est importante, le contexte et les enjeux qui y sont liés. En effet, d’après la littérature, aucune étude n’a été faite sur les Odonates (le nom scientifique pour désigner l’ordre des libellules et demoiselles) dans le Makay. Or, il y aurait à priori plus de 200 espèces de libellules à Madagascar, dont seulement 60 sont connues et en bon état de conservation. Outre les espèces non connues et non décrites, des dizaines d’espèces n’ont pas été revues depuis le spécimen qui a permis leur description. Par ailleurs, les dernières expéditions scientifiques ayant eu lieu dans le Makay sur d’autres groupes d’animaux (d’autres taxons), ont permis d’observer de nombreuses nouvelles espèces, ce qui laisse penser que ce serait aussi le cas pour le groupe des libellules. Enfin, sur l’ensemble du pays, on estime que 93 % des demoiselles et 65 % des libellules sont endémiques de l’île. C’est donc avec une belle motivation que le groupe s’est ensuite préparé à aller répertorier les premières libellules présentes le long de la rivière où nous bivouaquons. Dans un premier temps, nous avons d’abord regardé les fougères avec l’aide de Camélia en attendant que le soleil chauffe suffisamment pour que les libellules soient bien actives. Nous avons repéré 3 espèces de fougères, que nous avons photographiées en respectant le protocole photos établi par Catherine Reeb, notre collègue spécialiste des mousses et fougères de Madagascar (et qui n’a malheureusement pas pu venir avec nous sur cette expédition). Puis, grâce à la clé d’identification et aux planches de photos, nous avons pu nommer ces 3 espèces. Ensuite, pendant que certains partaient, filet en mains, à la recherche de libellules, les autres s’occupaient de photographier et remplir les fiches de relevé des individus trouvés. Nous avons bien bossé : au final ce sont 5 espèces (2 demoiselles et 3 libellules) que nous avons pu caractériser, et que nous avons temporairement nommé : le Pseudagrion à face orange et le Leste brun aux yeux rayés ; l’Orthetrum bleu à pointe noire, le Gomphe à thorax vert et le Trithemis rouge aux ailes orangées. Nous finissons par un protocole rapide de caractérisation de l’habitat aquatique, et nous apprenons à utiliser le télémètre laser afin de délimiter la zone dans laquelle nous avons étudié les libellules.
Une chouette observation pendant cette matinée : plusieurs Pintades de Numidie Numida meleargis survolent la rivière pour aller se balader sur les parois verticales en face.
Nous revenons aux tentes pour un bon repas (salade de pâtes au thon et ananas délicieux en dessert). Après une petite pause sieste et baignades, lessive pour certains, nous repartons au Lac Satoroko. On y trouve la même demoiselle qu’hier, que l’on nomme le Plumipattes du lac ainsi qu’une libellule : le Trithemis violet. On y répertorie aussi 2 nouvelles espèces de fougères. Puis on termine par le protocole habitat aquatique. Pendant ce temps, Manoé s’active à construire avec les grandes feuilles d’arum et de la liane un filet de pêche ! (Malheureusement, il ne trouve pas de poisson à pêcher …) En repartant, Bernard récolte de la sève de Canarium (un grand arbre que l’on trouve un peu partout dans les alentours), et il nous fait découvrir comment on peut ensuite le brûler comme de l’encens, et en respirer la douce odeur apaisante. Certains locaux utilisent cette sève ainsi pour rentrer en transe parait-il.
De retour au camp, Gauthier retrouve avec surprise un œuf pondu par une poule dans la casquette qu’il avait laissée dans sa tente ! La poule a immédiatement hérité du petit nom de Ginette et est devenue la mascotte pour le petit temps qu’il lui reste à vivre. Eh oui, nous sommes entourés de canards et poules, mais qui ont pour destinée de nous être servis aux repas un jour ou l’autre...
Pendant le dîner, nous profitons de la douce odeur de sève de Canarium tout en nous régalant d’un riz au poulet et pommes de terre.


Mardi 16 août 2022

Aujourd’hui nous allons faire une belle rando en boucle autour de notre camp de base. Nous partons donc avec le pique-nique pour la journée, dès 6h30 après s’être régalés de beignets de bananes frites. Nous commençons en remontant le canyon, les pieds dans l’eau. La luminosité est magnifique et le canyon parfois très étroit, ce qui donne des vues sur les falaises de part et d’autre de notre rivière vertigineuses. On ressort enfin du canyon pour surplomber du dessus le paysage. Pendant la montée, Sergent nous montre un petit caméléon que l’on a largement le temps d’admirer. Puis nous nous enfonçons dans de hautes herbes rapantes et les jambes sont vite bien échauffées de toute cette dense végétation. C’est le prix à payer pour un dépaysement encore différent des précédentes journées et qui en vaut bien la peine ! A la pause repas, tout le monde est content de trouver refuge à l’ombre sous une belle voûte de canyon car le soleil tape bien fort. La suite de la rando est vraiment chouette, nous suivons un canyon, alternant les pieds au sec et dans l’eau, et au frais ! Nous y trouvons encore une nouvelle espèce de fougère. Puis nous faisons une halte près d’un cours d’eau où nous trouvons 2 nouvelles espèces de libellules, que l’on nomme la Demoiselle toute brune et le Point d’exclamation (dont nous trouvons le mâle et la femelle). Un peu plus loin, nous rejoignons le lac Anoslahy mais le soleil est déjà bas sur l’horizon et les quelques libellules que l’on voit ne s’approchent pas suffisamment du bord pour que l’on arrive à les attraper. En repartant, nous avons le plaisir d’entendre et d’observer un bel oiseau : le Courol (Leptosomus discolor) et de trouver une nouvelle libellule, qui s’avère être un immature d’une espèce déjà vue plus tôt. De retour au camp de base vers 17h30, chacun va profiter un peu de la rivière puis nous prenons un bon dîner de riz et haricots.

Mercredi 17 août 2022

Ça y est, nous levons le camp et nous nous préparons à 3 jours d’itinérance pour rejoindre notre 2e principal camp de base à Menapanda, qui sera, lui, sous la forêt dans un milieu propice aux lémuriens. La première journée est assez courte en temps de marche (environ 3 heures). Nous passons par le village sucré, et faisons halte sous un manguier pour le pique-nique, une halte fructueuse puisqu’elle nous permet de répertorier 2 nouvelles libellules que l’on nomme le Crocothemis rouge à tache jaune et l’Orthetrum bleu à pointe bleue. Puis nous arrivons au bord d’une rivière vers 14h où nous installons les tentes pour la nuit. Tout le monde part se baigner, l’eau est plus abondante qu’à Sakamaitra et on barbote tous ensemble un bon moment. Les enfants des villages alentour se retrouvent vite dans l’eau avec nous, et font des acrobaties et cabrioles dans tous les sens, auxquelles nous essayons de répondre avec des roues et équilibres. Manoé trouve dans l’eau un lance-pierre fait de sève séchée élastique, de tissus et de bouts de bois. Après l’avoir rafistolé, il passe la suite de la journée à s’entraîner à viser avec pendant que d’autres font la lessive, se reposent ou jouent avec les locaux qui restent à proximité de nous, curieux comme tout de nous voir nous affairer. Le soir nous mangeons une belle platée de spaghettis à la sauce tomate maison et canard-poulet.

Jeudi 18 août 2022

Nous levons le camp. Et après avoir distribué des médicaments aux habitants venus nous voir pour nous expliquer les problèmes de santé de leurs proches, nous nous mettons en marche. Cette fois, nous avons 5h à 6h de marche. Nous passons par des plateaux avec des vues splendides, des étendues de sable (sans eau cette fois) parsemées de termitières...Nous voyons des Guêpiers Merops superciliosus, des Inséparables à tête grise Agapornis canus et des Huppes malgaches Upupa marginata. Nous faisons une pause sous une grotte décorée de peintures rupestres et dans laquelle nous trouvons des sauterelles cavernicoles ainsi que d’énormes papillons de nuit. Nous prenons le pique-nique sous un arbre et y restons le temps d’une sieste au frais. Au final, nous avançons à bon rythme et nous arrivons dès 14h30 à notre nouveau camp, le long de la rivière Makaykely. Un magnifique Tamarinier se trouve là. Gauthier et Alex se font des courtes échelles pour attraper les plus belles gousses, tandis que Yoan escalade les branches pour en faire tomber d’autres. Puis l’un des porteurs nous fabrique une perche pour attraper encore plus efficacement les fruits. Autant dire que c’est le grand festin … on essaye tout : le thé au tamarin, le tamarin avec du miel dessus, le tamarin à la banane ...miam. Tout ça donne soif, nous voilà tous à l’eau. Mais cette fois le débit est très faible et il n’y a pas de quoi s’immerger comme hier. Qu’à cela ne tienne : Alex, Manoé, Gauthier, Sylvain et Yoan se mettent à construire des barrages et à creuser pour créer localement une baignoire. Et ça marche, un peu plus tard les voilà tous les 5 à barboter dans le spa pendant que les autres font une sieste, de la lessive ou une petite balade aux environs.
En fin de journée, on repart à la conquête des libellules : on y trouve 3 demoiselles à face rouge. Puis un rapace étonnant, le Gymnogène malgache Polyboroides radiatus vient survoler notre camp avec son cri caractéristique.
Après le dîner, nous nous couchons bercés par les chants des engoulevents. Dans la nuit, on entend très distinctement et proche de nous le chant du Petit-duc de Madagascar.

Vendredi 19 août 2022

Changement de programme ce matin. Gauthier a été malade toute la nuit (fièvre,tremblements et diarrhée), nous décidons de rester un jour de plus sur place avant de finir notre itinérance vers le dernier camp de base. Nous en profitons pour prendre le temps de synthétiser toutes nos observations de libellules, et bien nous remettre en tête les critères d’identification de chacune, afin de savoir les reconnaître rapidement si on les rencontre de nouveau. On part ensuite en exploration le long de la rivière. On trouve quelques libellules déjà vues les jours précédents, et qui nous permettent de consolider les connaissances révisées juste avant. Après le repas du midi, grand temps de pause. Bernard nous conte les histoires sur les voleurs de zébu dans le Makay. Apparemment, tout homme du Makay est un jour ou l’autre voleur de zébus dans sa vie, et il y a un genre de prestige à avoir été voleur de zébus. Par contre, ce n’est pas sans risque ! Lorsque des zébus ont été volés, tous les hommes forts du village partent à la poursuite des voleurs, en suivant les traces laissées dans le sable. A chaque village rencontré sur l’itinéraire, les hommes forts de ce nouveau village viennent en renfort pour continuer la poursuite des voleurs. Bernard nous raconte ainsi un bon nombre d’anecdotes, à la fois incroyables et finalement vraiment drôles sur les péripéties liées aux voleurs de zébus dans le Makay. La suite de la journée passe tranquillement : Yoan et Manoé construisent avec des enfants des villages avoisinants des remparts dans la rivière, Gauthier, Eric et Camélia se reposent (Eric se trouve être aussi malade et pas très en forme et Camélia a besoin de reposer son genou qui a souffert de la marche dans le sable), chacun vaque un peu à ses occupations. Puis en deuxième partie de l’après-midi, la partie de l’équipe encore en forme part faire un protocole complet de suivi des libellules le long de la rivière. Trois des porteurs se joignent à nous et se mettent en quête, filets à la main, de capturer les libellules. Ils sont super efficaces pour les attraper. Manoé fait la navette entre eux et le reste de l’équipe pour amener au fur et à mesure les libellules capturées et mises dans des tubes à échantillons. Après identification, Alex et Sylvain marquent d’un coup de posca un point de couleur sur l’aile de la libellule afin de ne pas la recompter deux fois si jamais elle était de nouveau capturée. Yoan note sur la fiche de suivi l’heure à laquelle sont attrapées chacune des libellules, le nom et le sexe de l’individu. Nous sommes étonnés de trouver autant de Pseudagrions à face orange ! Juste au moment où nous décidons d’arrêter notre protocole parce que le soleil est bas sur l’horizon et que nous avons déjà parcouru une bonne portion de rivière, Eric vient nous prévenir qu’il s’est réveillé avec un hibou juste à côté de son lit ! En peu de temps, tout le monde se retrouve à admirer le Petit duc de Madagascar Otus rutilus, très camouflé dans la paroi rocheuse à 2 mètres du lit d’Eric, au ras du sol. Il n’a pas l’air dérangé par notre curiosité si bien qu’on finit par le prendre en photo de plus en plus près ! Juste avant le repas, nous faisons un protocole habitat afin de caractériser le milieu dans lequel nous avons fait notre protocole de suivi des libellules.
Et pendant la nuit, nous profitons de nouveau du chant du Petit-duc, qui est effectivement, juste à côté de nous !

Samedi 20 août 2022

Ce matin, Gauthier et Eric sont toujours malades, mais c’est aussi le cas de Cathy et d’Alex. Heureusement, il y a une solution pour leur permettre de se reposer pendant que le reste du groupe partira en randonnée à la journée rejoindre le dernier camp de base à Menapanda. Bernard avait quitté le groupe l’avant-veille pour amener son 4x4 au village de Tsivoky et amener du ravitaillement de nourriture. Apprenant hier que Gauthier était malade, il était venu en 4x4 nous rejoindre au bord du Makaykely au cas où il y ait besoin d’une évacuation. Il peut donc remmener les malades en 4x4 au village de Tsivuky. Le groupe se sépare donc en 2. Alex, Camélia, Cathy, Eric et Gauthier partent avec Bernard en 4x4 et tous les autres partent avec notre guide Pierre pour 5-6 heures de marche jusqu’à Menapanda.
A Tsivuky, Alex, Camélia et Bernard repartent à pieds en direction de Menapanda rejoindre la première partie du groupe (ils n’ont que 3h de marche, ce qui va bien pour Alex et Camélia qui sont en meilleure forme), et seuls Cathy, Gauthier et Eric restent sur place car vraiment trop malades. Ils sont installés dans une case du village et choyés par Brigitte qui leur apporte du thé, des infusions de plantes et des repas diététiques pour récupérer de leur fièvre et diarrhée. Pas facile pour eux, mais c’est aussi une expérience de vie incroyable, immergés dans l’ambiance sonore et les activités des habitants du village. Les enfants viennent faire des visites régulières, grands sourires et attentifs, tout en se faisant discrets, pour respecter leur besoin de se reposer.

Dimanche 21 août 2022

Après une nuit récupératrice, Gauthier, Eric et Cathy rassemblent leur énergie pour rejoindre à leur tour le camp de base de Menapanda, aidés par les porteurs qui portent leurs affaires. Quelle joie de se retrouver le midi tous réunis, même si certains sont encore en petite forme. Le camp de Menapanda est plein de charme, sous les arbres, avec une vraie table en bois pour les repas et le lit de la rivière juste à côté. Ragab est notre nouveau guide pour cette partie-là du Makay, bien que Sergent soit toujours avec nous aussi, pour le plaisir. L’après-midi, c’est repos pour tout le monde, lessive, baignades, petites balades ...puis le dîner arrive rapidement et tout le monde va vite se reposer.

Lundi 22 août 2022

Ce matin c’est au tour de Sylvain de ne pas se sentir bien. Par ailleurs, plusieurs d’entre nous se sentent encore en petite forme, si bien que la rando prévue pour remonter le canyon se fait donc en comité réduit, sans Sylvain, Gauthier, Alex et Margaux qui préfèrent se reposer. C’est dommage car la randonnée s’avère magnifique ! Il faut grimper ici et là sur des rochers, et on remonte le canyons les pieds dans l’eau, émerveillés par la végétation luxuriante et les falaises rougeoyantes du canyon. Eric et Manoé décident de faire demi-tour avant la fin. La rando se termine par une cascade qu’il faut grimper, et qui ne manque pas de nous asperger de la tête aux pieds. Yoan s’en donne à cœur joie ! Mais tout le monde n’est pas prêt à se détremper à ce point, et il est déjà bien tard donc on choisit de faire demi-tour à ce moment-là et on se retrouve tous au camp en début d’après-midi.
Camélia, Yoan et Cathy s’amusent à se badigeonner le visage de traits à l’indienne avec la boue ferrugineuse qui dégouline sur les parois rocheuses. Nous faisons aussi de belles observations d’oiseaux divers dont les Drongos malgaches Dicrurus forficatus et les Couas huppés Coua cristata.
Ensuite ce sont les lémuriens qui ont animé la journée ! Alex, Margaux et Camélia ont eu la joie de découvrir un groupe de Propithèques de Verreaux Propithecus verreauxi dans les arbres juste au bord de la rivière où nous avons notre camp. Ils ont pu les observer manger des fruits, se déplacer dans les branches pendant un bon quart d’heure. De retour enthousiastes au camp, ils ont donné envie au reste du groupe de les voir aussi. Escortés d’un des aide cuisinier, Ignace, voilà Yoan, Eric, Cathy, Gauthier, Camélia et Manoé repartis à la recherche du groupe de lémuriens. Ignace arrive assez rapidement à repérer 2 Propithèques du groupe, restés à l’arrière, encore un chouette moment d’observation. Puis, en fin d’après-midi, ce sont les Lémurs à front roux méridional Eulémurs rufifrons qui sont descendus dans les arbres auprès de la rivière et que tout le monde a pu bien voir avec les jumelles. Ils balancent leur queue d’un côté à l’autre tout en faisant des cris caractéristiques, l’ambiance sonore est extra ! Au dîner, tout le monde est ravi par le bouillon de poulet, qui devrait permettre aux malades de récupérer un peu plus vite.

Mardi 23 août 2022

Voilà venu le jour de départ de Menapanda pour rejoindre le village de Tsivuky que certains connaissent déjà bien. Arrivés pour l’heure du repas au village, nous sommes accueillis par Brigitte qui nous a préparé un bon repas dans une case. On se régale : nous avons du poulet, du bouillon de poulet, du riz et des feuilles de manioc cuisinées, puis des bananes en dessert. Après le repas, nous installons notre campement pas loin du village. La rivière est asséchée, mais pas de problème, Bernard et Gilbert aidés par plusieurs locaux se mettent à creuser un puits, puis à écoper l’eau trouble jusqu’à ce que de l’eau claire la remplace. Grâce au sable, l’eau est déjà naturellement filtrée (mais pour être sûr, on en remplit des seaux, que l’on filtre ensuite avec notre filtre manuel avant de la boire). Après un temps de pause, sieste/temps calme pendant lequel nous achetons des beignets de manioc apportés par une habitante de Tsivuky, nous décidons d’aller prospecter les libellules dans les rizières. Nous sommes alors escortés d’une bonne dizaine d’enfants du village, enthousiastes de nous suivre et curieux comme tout de voir tout ce que l’on fait. Yoan se met à la chasse au filet avec les enfants, tandis que le reste du groupe s’affaire à photographier les individus et à noter toutes les caractéristiques sur les fiches : au final nous enregistrons encore 6 nouvelles espèces ! Nous rentrons lorsque le soleil devient bas, et un football s’improvise avec les enfants du village. C’est la grande folie, ils sont surexcités : le foot, démarré avec une quinzaine de joueurs se termine à 25 ou 30 ! Le coucher de soleil accompagne ce moment magique, la poussière de sable du sol rajoute à la scène une dimensions surréaliste et magnifique. Pendant le foot, toute la basse-cour du village défile entre les buts : les petits poussins, les poules, les canards, et même les zébus, c’est authentique !
C’est la pénombre du soir qui finit par terminer le foot, et après une marche les mains dans les mains avec les enfants, nous nous séparons finalement pour aller dîner sur la place du village. On nous a préparé un plat de riz-poulet avec une sauce à l’arachide délicieuse.

Mercredi 24 août 2022

Levés à 5h, nous nous activons pour ranger le camp. Brigitte nous amène le ptit déj : des galettes de riz accompagnées de miel et bananes, un vrai régal ! On charge les deux 4x4 et nous voilà partis pour le grand périple à travers le Makay pour rentrer à Ranohira, à l’hôtel Momo Trek.
Comme c’était le cas à l’aller, certains sont ravis de voyager dans la benne tandis que d’autres préfèrent rester à l’intérieur. Assez vite, le 2e 4x4 commence à avoir des soucis avec le filtre à gasoil. Il faut régulièrement s’arrêter et faire gronder le moteur jusqu’à ce que le gasoil recircule suffisamment dans les circuits. On arrive tout de même jusqu’à Beroroha où nous nous arrêtons pour le repas. Ensuite, il y a le fameux passage de la rivière Mangoky avec le bac. Comme à l’aller, on regarde avec grand intérêt les manœuvres. Mais une fois de l’autre côté, le 2e 4x4 s’enlise dans le sable, et cette fois on met un certain temps à repartir, après avoir dégonflé les pneus, creusé sous le véhicule et rehaussé l’arrière. Ouf, on repart mais les pannes régulières continuent et finalement, on s’arrête pour de bon au niveau d’un petit village. Le 4x4 ne redémarre plus, il faut trouver une solution. Les habitants sont tous là par curiosité et plusieurs sont prêts à aider. Nous tentons plusieurs astuces mais on se rend bien vite à l’évidence que la réparation va prendre du temps. Ok, après un rapide petit calcul, Bernard décide de rapatrier tout le groupe sur un seul 4x4. On transfère les bagages, et on se tasse : 4 à 5 dans la benne pour permettre aux autres de ne pas voyager trop serrés. La suite du trajet devient de l’endurance à l’aventure : personne n’est dans le grand confort mais ça passe, c’est juste très long. A l’arrière de la benne, ça rigole bien, on se soutient pour faire face au vent qui nous refroidit de plus en plus une fois le soleil couché. On finit par arriver peu avant minuit à l’hôtel Momo trek ! Si on avait su à l’avance le sacré périple en 4x4 qu’on allait faire, on ne l’aurait pas cru ! Mais on est ravis d’arriver et on a la sensation de sortir d’une belle aventure qui se finit bien ! Nos repas commandés à l’avance nous attendent, bien au chaud, et on se régale de steaks de zébu aux frites, puis de crêpes banane-chocolat bien méritées ! On se couche tous bien fatigués, ravis de prendre une bonne douche bien chaude et de dormir dans un grand lit confortable !

Jeudi 25 août 2022

Nous nous levons plus tard que d’habitude pour avoir le temps de récupérer un peu. Le ptit déj fait du bien, le retour du pain chaud et des tartines est apprécié. Vers 9h50, nous sommes en route pour rejoindre Ambositra. Le trajet passe assez vite, c’est qu’on a pris l’habitude des longs trajets. C’est avec plaisir qu’on retrouve le confort de l’hôtel L’Artisan le soir, et les bons dîners servis au restaurant de l’hôtel.

Vendredi 26 août 2022

Dernière ligne droite pour Tana ! Le trajet est plus court, et nous nous permettons plusieurs pauses pour acheter des souvenirs : miel, artisanat local de bois, cornes de zébu et roseaux. Bernard connaît beaucoup de monde, et nous conduit dans de chouettes ateliers. Peu avant l’arrivée à l’hôtel Niaouly, Camélia nous quitte pour rejoindre sa famille. On a adoré partager cette expédition avec elle, sa bonne humeur constante et sa belle motivation pour prendre part aux projets scientifiques. Peu après, nous voilà à l’hôtel. On est obligé de dire au revoir en express à Alex et Margaux, qui voyageaient avec le 4x4 de Bernard, et ont été retardés par une nouvelle panne de l’embrayage. Ce soir ils rejoignent un autre hôtel proche de l’aéroport. On termine donc la soirée en plus petit comité, avec Gauthier, Eric, Yoan, Manoé, Bernard, Sylvain et Cathy. Autour d’un petit apéro, nous faisons un bilan de l’expédition, afin de recueillir les avis/impressions de tout le monde et d’améliorer l’expédition en fonction de ces retours. Tout le monde est ravi du voyage, et on dîne le cœur en fête. Gauthier prend l’avion après le dîner, et demain ce sera au tour des autres. Voilà donc le moment des au revoir. Nous espérons nous donner vite des nouvelles, et partager les photos de tous les moments fantastiques du Makay.

Synthèse scientifique

Vous pouvez d’ores et déjà consulter la liste des espèces identifiées pendant l’expédition ici ainsi que l’ensemble des observations réalisées (et enregistrées via l’application Obsmapp) ici.
Les analyses des specimens pris en photos prennent un peu de temps. Patience ... nous écrirons bientôt une synthèse dessus.

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