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Poser un piège photos

Quelques conseils pour vous aider à choisir et à poser vos pièges photos. Voir descriptif détaillé

Poser un piège photos

Quelques conseils pour vous aider à choisir et à poser vos pièges photos. Voir descriptif détaillé

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Vous êtes nombreux à avoir des pièges-photos ou caméras à détection automatique, pour immortaliser ou confirmer la présence d’animaux dans un secteur. Et beaucoup d’entre vous nous posent des questions qui pourraient profiter à tous. Et comme chez Biodiversia, nous en utilisons très régulièrement sur nos missions de suivis de la faune, voici donc, par retour d’expérience, quelques conseils pratiques.
Cet article pourra être régulièrement alimenté de nouveaux conseils, n’hésitez pas à revenir y faire un tour de temps à autres.

Matériel

• Utiliser des appareils qui fonctionnent à piles et non à batterie. Côté piles, nous utilisons des piles en lithium qui ont une meilleure durée de vie et qui sont plus efficace dans les zones à températures froides. Certains d’entre nous utilisent des piles lithium rechargeables et semblent en être satisfaits car on les a depuis plus de quatre ans, et elles sont toujours aussi efficaces.
Conseil : ne laisser pas vos batteries rechargeables branchées lorsqu’elles sont pleines parce que ça va diminuer leur durée de vie de la pile. Souvent une lumière s’allume quand la batterie est rechargée.
• Utiliser un appareil qui a une grande distance de détection pour qu’il y ait de l’espace entre le piège photos et le fond du paysage, l’animal passera à l’intérieur de cet espace donc vous aurez plus de chance de les capter au passage.
• Choisissez un appareil avec un temps de réactivation très rapide car c’est le temps qu’il faut à l’appareil pour reprendre une photo après avoir prit la photo précédente. Nous préconisant des déclanchement à 1s.
• Avoir un appareil avec des détecteurs latéraux et qui peut prendre plusieurs images (photos et vidéos) pour un même déclanchement.
• Utilisez un appareil avec des led infrarouge, car vous aurez des photos en journée qui seront en couleurs et celles de nuit seront en noir et blanc et c’est suffisant car sinon l’appareil qui aura des leds incandescentes qui feront un flache dans la nuit (dérangement de certaines espèces).
• Avoir un appareil avec un angle de détection large = distance courte et qualité optique moins bonne sur les côtés. Prendre au moins un angle de 60°
• N’oubliez pas de numéroter vos pièges photos pour pouvoir vous y retrouver si vous en avez plusieurs qui sont dispersés dans la nature, et si vous avez plusieurs appareils n’oubliez pas de les géolocaliser. Des fiches de terrain vous permettent de vous y retrouver (voir plus bas).

Remarque écologique : Il est ici mentionné que nous utilisons parfois des piles en lithium. Or, face aux difficultés de recyclage de ce matériau qui n’est ni écologique ni éthique à produire, nous préférons privilégier des piles « classiques » pour les études où nous pouvons régulièrement aller relever les pièges photos, et n’utilisons les piles en lithium que pour les études où ces caméras restent sur place pendant plus de 8 à 10 mois de l’année ou qui sont posées à des périodes où les températures descendent en dessous de 0°C.

Lieux

• Faire une lecture de carte approfondie pour voir où sont les couloirs naturels qui vont inciter la faune sauvage à passer plutôt par ici que par là. Il faut rechercher en priorité les goulots d’étranglements naturels qui vont permettre à la faune sauvage de se déplacer facilement et discrètement. Repérer les clairières et points d’eau à proximité.
• Essayez de vous mettre dans la tête de l’animal que vous cherchez pour voir si les conditions lui conviennent, et quels pourraient être leurs déplacements. Cherchez les zones de quiétudes, zones de nourrissage, les points d’eau, les zones d’affût, les cachettes, les secteurs de déplacements.
• Repérez les indices de présences avec vos yeux de naturalistes : cherchez des empreintes, des pistes, des crottes, des traces de d’abroutissement, de l’écorce grignoté, de la terre retournée, des restes de repas ; Si vous trouvez ces indices, alors le lieux est pertinent pour la pose d’un piège-photo.
• N’oubliez pas de géolocaliser votre piège photos car une fois bien camouflé, il vous sera difficile de le retrouver. Vous pouvez vos noter sur un carnet ou une fiche le point GPS, ainsi que les informations sur la pose (ex : sur un boulot verruqueux, à 1.50 du sol, orientation plein Sud, près d’un bloc rocheux).
• Trouver une zone qui soit bien dégagée pour éviter que les branches, ou les feuilles ne fassent des déclanchements intempestifs de votre caméra (ce qui va user beaucoup de batterie, et utilisera beaucoup de place sur votre carte mémoire).
• Vous pouvez vous permettre de dégager un peu la zone en face de votre piège photos (couper des branches, bouger un peu des éléments) afin de faire de la place et éviter les déclanchements inutiles.
• Prévoir le site de pose en prévoyant la chute de neige. Si le secteur est connu pour être très enneigé l’hiver, préférez une pose en hauteur pour ne pas que votre appareil ne disparaisse sous le manteau neigeux. Renseignez-vous sur les épaisseurs moyennes de neige dans ce secteur.
• Attention : les ombres laissées par les arbres ou même la brume de chaleur peuvent aussi faire se déclencher les caméras.

Poser un piège photo

• La forme du piège doit être dissimulé dans l’environnement, donc pas seulement une caméra camouflé en plein milieu d’un arbre. Elle doit être disposée dans le creux d’un arbre, entre deux rochers, à la jonction de deux branches, etc. Le camouflage doit aussi être très bien pensé pour ne pas être détecté par les animaux.
• Faites particulièrement attention à bien fermer hermétiquement le boitier pour ne pas laisser y s’infiltrer l’humidité ; Nous avons eu le problème récemment : un petit brin de mousse servant au camouflage s’était glissé dans les joints lors de la fermeture du boitier. Des mois plus tard, tous les circuits étaient rouillés ! Donc même un mini brin de mousse peut fiche en l’air votre caméra, soyez vigilent.
• Le piège photo doit être posé à 1.20 à 1.30 m du chemin ou de la piste laissée par les animaux afin de profiter de la fonction grand angle. S’il est trop près, les images seront trop resserrées.
• Il peut être installé de façon horizontal, mais nous préférons une installation en vue plongeante.
• Disposer le pièce dans un angle de 30 à 45° de la piste ce qui permettra d’avoir des images des animaux en plein déplacement dans le sens de la longueur.
• Essayez de visualiser la zone qui sera couverte par le piège photo pour l’orienter de façon efficace.
• Si vous comptez laisser la caméra sur place plus de 10 mois, ne serez pas trop les sangles qui risqueraient d’étrangler l’arbres, et de s’abimer voire d’endommager la caméra. Mettez toujours quelque chose pour protéger l’arbre entre son écorce et le boitier (caoutchouc, morceau de bois, etc). Votre caméra ne doit en aucun cas laisser une marque de strangulation sur le tronc de l’arbre.
• Vous pouvez laisser une note plastifiée au dos de l’arbre où vous avez attaché la caméra donnant ainsi des informations aux promeneurs qui auraient vus la caméra : nom prénom numéro de téléphone + les raisons de cette caméra et dans quel but seront utilisées les images (ex : suivie scientifique officiel des populations de cervidés sur la période 2023 par l’association unetelle ). Cela permet de rendre officiel la présence de votre caméra qui sera moins vandalisée (on l’espère) mais ne soyez pas non plus trop précis surtout si c’est des loups que vous essayez de prendre en photos car certains pourraient revenir sur le lieu de votre caméra pour vérifier la présence du prédateur (et potentiellement lui causer du tort).
• Vous laissez également vos coordonnées à l’intérieur de la caméra avec nom, numéro de téléphone et nom du programme de recherche.

L’avis de Konan :
Arrimez le piège contre le tronc avec la sangle en ayant en tête les avantages et les inconvénients de chaque hauteur :
- En dessous de 1m : Belles images (animaux photographiés en plan frontaux) mais piège plus facilement repérable et recouvert par la neige en hiver
- Entre 1m et 2m : pose facile car à “hauteur d’homme”, plan d’image correct mais piège très facilement repérable car à hauteur d’yeux
- Au-dessus de 2m : Images moins belles (animaux vus d’au-dessus), souvent pas évident à installer mais réduit fortement le risque de vol (hauteur à laquelle les yeux se baladent moins, donc moins repéré + vol techniquement plus compliqué car piège haut).

Sécurité

Une caméra laissée dans la nature peut attirer bien des convoitises. Pour se prémunir de sa dégradation ou même de son vol, hormis un super camouflage, il existe des systèmes pour protéger vos appareils.
• L’installation d’un câble de sécurité avec cadenas qui va donc, en plus des lanières classiques qui fixent la caméra sur l’arbre, ce câble en acier va encercler la caméra pour ne pas quelle puisse être décrochée de l’arbre. A moins que la personne se promène avec une tenaille sur elle...
Attention seulement, ne pas trop serrer ce câble qui peut aussi coincer l’arbre qui va grossir au fil des mois. Si le câble sert trop, il sera impossible de le déloger et vous serez obligé de le couper avec soit des tenailles, soit une machette (qui abimera l’arbre sans aucun doute). Donc attention, à ne pas trop le serrer, ou à venir de temps en temps le desserrer.
• L’utilisation d’un boitier de protection anti-vol. C’est simplement un boitier dans lequel vous allez venir installer votre caméra et qui pourra la maintenir fermée grâce à un cadenas. Le boitier coût un peu cher, mais c’est l’assurance que ça reste en place.
Après il n’y a pas de solutions miracle. Une personne qui veut venir vous voler le piège photos trouvera toujours un moyen, même si elle doit couper l’arbre pour l’avoir....
Donc bon, sécurisez au maximum vos appareils surtout si vous les laissez sur une longue période, ou dans une zone fréquentée, et acceptez l’idée que parfois, ils disparaissent. Ca nous arrive tous les ans, mais la mission d’étude continue, nous avons un budget pour le « renouvellement de matériel ».

Récap du matos à prendre

- le piège photo
- une carte SD vide + une carte de rechange
- les piles du piège chargée à bloc
- la sangle du piège
- le cadenas
- les clés du cadenas
- le boîtier de sécurisation du piège (si on en a un)
- une petite machette ou une scie portative (on a toujours besoin de couper une branche qui est dans le champ de vision du piège)
- un couteau
- un portable chargé ou un GPS (pour enregistrer les coordonnées du piège une fois le piège posé)
- une carte IGN de la zone
- un adaptateur SD/USB-C (pour pouvoir lire la carte SD du piège directement sur notre portable quand on la retire du piège) OU un petit ordi de terrain dans lequel on peut mettre une carte SD
- du dégrippant si le piège est depuis longtemps à l’extérieur (équivalent WD40)

L’équipe des encadrants des séjours de recherche participative ainsi que les formateurs Biodiversita ont travaillé ensemble à la rédaction de cet article, en espérant que nos conseils vous soient utiles sur le terrain. Cet article est régulièrement mis à jour alors n’hésitez pas à revenir voir les nouveautés.

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